Si on lui avait dit que la vie de Shinobi c'était aussi long et monotone, il aurait refusé immédiatement. Déjà que passer une vie à risquer sa vie pour protéger celle des autres c'était bien le genre de fable idiotes que la maternelle s'était toujours assuré qu'il lise étant gamin, parfois en le surveillant plusieurs heures durant, le tisonnier en guise de menace. Des preux Shinobi quittant le village seul pour une mission suicide nécessaire à la survie du village, histoires répétitives et sordides où le personnage principal rentre toujours chez lui sans une égratignure, copule avec la Kunoïchi de ses rêves et récolte une ribambelle de marmot qui honoreront sa mémoire et... On ne va pas en discuter pendant encore des heures, mais ces romans n'avaient fait que confirmer son idée à Ydou que ces rêves-là n'étaient qu'un simple ramassis de foutaises qu'il se complaisait à balayer d'un revers de la main. A bien y réfléchir, il n'aurait peut-être pas non plus rejeté sa carrière de Ninja ! Malgré les protocoles idiots, les ordres militaires insupportables, ce fameux esprit de "Camaraderie" et les heures indénombrables dans l'attente de l'action, le Kumo-jin préférait la perspective d'une vie de Shinobi à celle d'une vie entière de pêcheur, les huissiers aux trousses. Au moins, maintenant il n'était plus lié à toutes les galères que pouvaient lui amener ses parents, déjà qu'il se débrouillait très bien tout seul peul pour les attirer à lui. Il n'empêche que depuis quelques semaines, c'était le calme complet au village des nuages, pas une mission de commandée pour lui, pas un seul gamin sortit fraichement de l'académie à éduquer, ni de voleurs à l'étalage à qui flanquer une bonne grosse frousse...

Vous l'aurez compris, la misère la plus grande au niveau de l'activité, l'ennui le plus total. Et malheureusement pour lui, tant qu'il était considéré comme en service, et ce même s'il n'est pas affecté en mission, il ne pouvait pas rentrer chez lui se reposer et était contraint de choisir entre les rondes en ville (Le genre de mission bien rasoir qu'on attribue généralement en punitions aux écarts de bas étage du règlement et que jamais Ybou n'accepterai d'accomplir) et l'entraînement au gymnase. Pas besoin de réfléchir longtemps pour deviner que le jeune garçon avait donc passé les dernières semaines cloitré dans le grand gymnase du Village. C'était une grande batisse s'étalant sur quelques dizaines de mètres et qui servait essentiellement de lieux de musculation, les techniques ninjas étant trop couteuse à la moindre erreur. Les propriétaires semblaient s'en être aperçu un peu trop tard, car l'on devinait encore clairement des poutres brisées ou des cratères dans les murs, causés par un Katon mal orienté, et malgré les efforts fait par la direction pour remettre par-ci, par là quelques coups de peintures ou de ciment, on ne pouvait manquer l'état délabré du bâtiment. Et pour cause, cela ne donnait apparemment pas très envie aux autres Shinobi d'y venir pour un entraînement et Ybou était le seul dans l'aire de musculation comme à son habitude. Il s'y trouvait déjà depuis près de trois heures et son torse nu luisait de sueur sous les rayons du soleil qui lui tombaient dessus par un trou dans le plafond. Si cela continuait ainsi, l'inactivité finirait pas le rendre dingue.

Spoiler:

Cela faisait maintenant plus de six heures qu'il se trouvait dans cette salle et quand il regarda l'heure sur la grande pendule suspendue au mur en face de lui, elle indiquait désormais cinq heures du soir passé, ce qui ne lui laissait plus qu'une demie-heure avant d'aller se présenter au terrain d'entraînement extérieur. Vous devez savoir que tout Chuunin qu'il soit, ce n'est pas pour autant la fin de l'apprentissage pour le ninja et il se trouve que même à ce stade-là, il y a encore des bases essentielles à connaître et à maîtriser. Quand je parle des " bases ", je veux bien sûr parler des Techniques de base que chaque ninja sait exploiter depuis qu'il se trouve sur les bancs de l'académie et dont il n'a même plus à se soucier tant l'entraînement lui fait utiliser ces Jutsu naturellement. Malheureusement, ce n'était pas le cas de notre grand gaillard qui avait dévoué, par choix, puis par contrainte, sa vie entière et son entraînement dans l'intégralité à l'exécution du Taïjutsu. Il en était ressortit plus fort, mais cela l'avait à jamais restreint dans l'apprentissage et l'utilisation des techniques de type Ninjutsu et Genjutsu. Pourtant, on exigeait de lui qu'il connaisse comme tous les autres ninjas, le Henge no Jutsu, le Kawarimi et tout le reste des techniques de base du ninja. Et, en tant que Chuunin, il avait maintenant l'obligation d'apprendre une nouvelle de ces techniques : le Kage Bunshin no Jutsu. S'il avait mis près de quatre ans (C'est-à-dire quatre fois plus de temps que le plus médiocre des académiciens) à maîtriser le Bunshin, l'apprentissage du Kage Bunshin paraissait bien plus court... Seulement cela faisait déjà près de deux ans qu'il planchait sérieusement dessus et le peu de résultat qu'il avait obtenu ne suffirait qu'à convaincre ses supérieurs qu'il " maîtrisait " le tout. Ce n'était pas sa faute, la seule utilisation du chakra possible chez Ydou était sa concentration dans un point précis du corps pour amplifier la puissance des coups portés. Aussi, la division de son énergie en deux corps distincts relevait d'une prouesse technique pour lui et c'était pour cela que les examinateurs n'attendaient de lui qu'un seul et unique clone pour preuve de sa maîtrise.

Pourquoi ces cons me font patienter une journée pour ce test, alors que je n'avais rien à faire pendant les six dernières heures...

Devant les deux autres Ninjas, il ne perd pas la face : il a appris à être respecté par les autres Shinobi sans utiliser de Ninjutsu, ni de Genjutsu et ce ne serait pas deux gradés qui allaient donner le trac à Ybou. Le jeune garçon se contenta de se placer devant et de débuter immédiatement le malaxage du chakra. Il savait pourquoi il était là et n'avait pas besoin de discussion ou d'information superflue : il revenait ici chaque semaine dans l'espoir d'obtenir un meilleur clone que le précédent. Si on lui avait accordé de n'en créé qu'un, il fallait par contre que celui-ci ne présente aucun défaut, ce qui n'était pas aisé pour lui. Bien concentré, il libère alors la moitié de son chakra afin d'obtenir un deuxième corps à côté de lui. L'examinateur se rapproche alors de son clone et l'observe : même couleur de cheveux, le regard aussi mauvais, les tatouages sont dans les bonnes proportions, le pan de la chemise qui dépasse comme sur l'original..

Regarde si je lui ai bien talqué les fesses tant qu'à faire, pigeon...

Enfin, il apposa une petite croix sur son carnet et dit à Ybou :

- Bon, on va se contenter de ça je crois, c'est mieux que rien comme on dit et... Je doute que nous puissions obtenir beaucoup plus de votre part, merci et bonne continuation.

Spoiler:

C'était il y a maintenant douze ans de cela, le père d'Ybou rentrait de la pêche comme chaque jour, mais cette fois-ci c'était l'anniversaire du jeune garçon et pas n'importe quel anniversaire : celui de ses dix ans. N'étant pas une famille aisée (Bien au contraire), les Futten avait beaucoup de mal à trouver des cadeaux pour les membres de la famille et très souvent seul les enfants en bas âge pouvaient s'émerveiller de recevoir un jouet de tout type possible. Le jeune garçon entrait lui dans la période de sa vie où il lui faudrait plus que des jouets pour survivre. Il avait été décidé qu'en cadeau cette année, le père Futten s'occuperait personnellement de l'entraînement physique de son fils, dans le but de le faire rentrer à l'académie ninja du village de Kumo. Quand il posa les pieds dans sa petite bicoque, il trouva rapidement le jeune Ybou assit dans un coin, en train de s'amuser à tailler un morceau de verre brisé contre une pierre qu'il avait trouvée sur la plage le matin même. De nature solitaire et d'humeur maussade (Pour ne pas changer), Ybou ne s'amusait pas beaucoup avec les quelques enfants du village et préférait rester seul chez lui ou sur les falaises. De toute manière, il n'avait jamais eu assez de temps pour nouer des contacts avec les autres habitants, sa famille devait sans cesse changer de région pour fuir les huissiers et le seul point commun de tous les endroits choisient était qu'il y avait toujours la mer, seul endroit où ses parents pouvaient exercer leur métier de pêcheur. Aussi, quand ils avaient décidé de quitter la côte pour le village des Nuages, au coeur de la Montagne, Ybou ne pouvait même plus s'accorder le plaisir de traîner au bord de l'eau. Il avait remplacé cela par des vagabondages sur les toits de la ville, ce que lui interdisait formellement, mais inutilement, ses parents. Le père Futten était un grand gaillard d'un mètre quatre-vingt-quinze, tatoué sur ses avant bras de signes traditionnels des pêcheurs de sa région, forgé comme dans un roc et au caractère fort : il n'hésitait pas à recourir aux poings pour se faire entendre, y compris de ses enfants. Aussi, quand il se dressa devant son fils pour lui annoncer que dès aujourd'hui, il prenait en charge son éducation physique, le jeune garçon vit là un moyen de surpasser son père pour éviter les brimades régulières. Il accepta sans broncher.

Les semaines d'entraînements avaient laissées place à de longs mois d'apprentissage du corps de l'enfant et des techniques de combat que son père lui enseignait. Rechignant fortement à reprendre purement et simplement le style de son père par soucis moral, Ybou se forçait à toujours trouver quelque chose à modifier, à améliorer ou à inverser pour créer après tant d'effort, son propre style de combat au corps à corps. Son père lui avait expliqué son but, qu'il rejoigne le monde des ninjas à la fin des deux années d'entraînement qu'il allait subir. Ce serait pour lui et sa famille un moyen sûr de quitter la vie miséreuse qu'ils avaient et partir vivre en ville, loin de tous soucis. Ybou avait un sixième sens pour détecter les foutaises et cette idée-là lui en semblait être une grosse, cependant il accepta son sort sans mot dire, se réconfortant à l'idée de vivre une vie plus palpitante que celle d'un pêcheur. Il avait en outre sur les derniers mois mit au point un enchaînement de coups lui permettant de contrer son père lorsque celui-ci était encore un peu trop saoul (Mais seulement dans ces moments-là), ce qui lui donnait la motivation d'avancer dans l'attente de voir son père le craindre. Il prenait appui sur ses mains au sol après avoir pris un court élan, puis balayait l'espace devant lui de ses deux jambes pour briser les jambes de son adversaire d'un coup direct aux genoux. Se redressant d'un bond agile, il se propulsait ensuite derrière le paternel pour le soulever un peu à l'aide de son épaule et de son bras. Sa cible légèrement en l'air, il utilisait toujours son bras pour le pencher sur le côté où il pouvait clore son enchaînement d'un violent coup de botte dans la poitrine de son adversaire. Le petit manquait encore d'une puissance capable d'intimider, mais la technique et l'agilité étaient là et on ne pouvait qu'espérer de grands progrès à son entrée à l'académie.

Cela ne manqua d'ailleurs pas, car deux mois suivant son accession à l'académie Ninja du Village des Nuages, Ybou parvint à faire ce qu'il n'avait pas réussi à faire en l'espace de deux ans : étaler son père à plate couture à l'aide d'une technique qu'il préparait depuis longtemps. S'il avait pu imaginer des centaines de fois l'effet de sa technique sur une vraie cible, il n'avait jamais pu l'expérimenter, car il lui manquait un atout essentiel : le contrôle total de son chakra pour le placer dans un point précis du corps. Il avait pu remarquer au cours de sa vie et de ses combats, des chutes de tensions, voir des nausées lorsque le sang dans le corps se trouvait à remuer trop fortement. Il avait alors imaginé une technique visant à faire monter, puis redescendre très rapidement, tout le sang du corps, de manière à perturber suffisamment l'adversaire pour prendre l'avantage. Le contrôle de son chakra lui permit de mettre le point final à sa technique et le soir même, en rentrant des cours, il trouva le moyen de la mettre en pratique. Son père, affalé sur le canapé, la bouteille de Saké encore en main, il lui passa à côté tout en lui jetant un regard mauvais. Relevant nettement l'insolence de son fils, celui-ci se leva et sans chercher à discuter, fondit sur lui avec la bouteille pointée vers l'avant. Ybou concentra son chakra dans son genou droit et l'envoya aussi fort que possible dans le ventre de son père, faisant monter tout son sang avec son corps. Puis, abattit violemment ses deux bras sur les épaules, laissant entendre un bruit sourd et faisant tomber lourdement son père à terre : un écran noir l'avait rendu aveugle. Profitant de la confusion, Ybou mit le coup de grâce avec un coup de pied sur la nuque, assommant son père pour la nuit.

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