AN -5

...............N'importe quel ninja aurait dit que la vitesse était déterminante dans un combat, c'est aussi ce que je pensais ; aussi importante pour la fuite, que pour l'attaque ou la défense. Je désirais confondre mes pieds avec le sol, la matière, et l'effleurer comme un coup de vent pour me rendre au gré de mes envies, où elles me menaient. Il ne s'agissait pas de marcher sur l'eau ou les arbres, ça c'était à la portée du plus modeste des ninjas. Mon souhait ne semblait réalisable qu'à condition de maîtriser son chakra, de le manipuler à souhait et je ne doutais pas que j'en serai capable. C'est d'ailleurs ce qui m'avait égaré au beau milieu des dunes, sous un soleil à faire fondre la vie. Le lieu avait l'avantage d'être apaisant, reposant, et ouvrait le corps et l'esprit à la conscience du chakra. Sur la route, j'élaborais par la pensée ma nouvelle technique : elle se basait sur le Konobori No Jutsu puisqu'elle nécessitait de concentrer son chakra à la plante de ses pieds, cependant dans une quantité bien plus importante. Le chakra se matérialisait sous mes pieds, il devenait visible à l'oeil nu et me séparait du sol d'une poignée de centimètres, anéantissant la force de frottement. Ainsi, je pourrai glisser au contact du sol, et me déplacer comme avec des patins sur la glace. Je fis une petite pause pour mettre au point l'idée que je m'étais fixée. Et enfin, je passais les tests. Au bout de quelques heures d'entraînement, la technique était habilement maîtriser. Dorénavant, les voyages seraient tout confort !

...............Depuis que j'avais découvert mes capacités en ninjutsu, j'appréhendais de découvrir mon type. Je posais mes fesses dans le sable, pensive. Il était temps de savoir, d'accepter ce type. Je me concentrais, attentive à la circulation des fluides dans mon corps. Je fermais les yeux, ouvrais la paume de ma main face au ciel. Je dirigeais le chakra vers cette main, le matérialisais et une sensation de chaleur des plus agréables m'envahie enfin. J'ouvrais les yeux et admirais au creux de ma main une petite étincelle s'éteindre et se ranimer. C'était si peu, mais pour autant, j'étais impressionnée de ce début et réconfortée. J'intensifiais le chakra, et l'étincelle se stabilisa. Je refermais ma main et la flamme disparu. Je réitérais l'expérience et la flamme grandissait petit à petit, dans mes yeux comme au creux de ma main. Je prennais confiance et j'imaginais déjà toutes les grandes choses que je pourrais réaliser grâce à ça, je me voyais déjà incendier des forêts ou incinérer les restes d'un ennemi dont j'avais fait la peau. Tout ça n'était plus si loin, j'avais grandi et tout comme l'a fait mon père, tout comme l'a fait mon clan, je devrais me battre. Ce don ne devrait pas seulement servir à allumer un feu de cheminée, je le savais, j'en avais conscience et il me restait à lui donner sa véritable utilité. Pour commencer, je créerais une boule de feu que j'expédierais d'entre mes lèvres en un souffle. C'était une technique que j'avais déjà vu, autrefois, et qui n'était pas à ce moment précis tout du moins, à ma portée. Aujourd'hui, je pouvais y prétendre. Je me levais et effectuais un tour d'horizon, sans jamais croiser un regard... comme je pouvais m'y attendre. Ici, je pourrais jouer avec le feu comme bon me semble, sans jamais prendre le risque de blesser qui que ce soit. Je n'avais pas du tout peur de cette chaleur dans ma gorge, au contraire, elle me rassurait, elle réchauffait tout mon corps. Je me disais déjà qu'elle pourrait faire office de moyen de survie dans des situations difficiles, à croire que j'imaginais le pire pour l'avenir. Il me fallut beaucoup d'essais, de temps, d'énergie pour réussir à sortir le feu de ma bouche, mais j'y parvins quitte à m'en brûler les lèvres. La bouche n'était rien de plus qu'une arme finalement.

...............J'étais donc de type feu. Etait-ce cela dont j'avais toujours rêvé? Non, en fait je n'avais rien espéré, de peur d'être déçue peut-être. Ou simplement car je n'étais pas parvenue à imaginer un tel pouvoir surgir de mon corps, toujours si fébril. Devais-je y voir un symbole? Le feu de l'action, de l'attaque, du danger... Ce jour-ci, je me serais permise n'importe quel assaut, je me sentais prête à tout affronter. Mais affronter quoi? Naïvement, je me sentais forte. Pourtant, je n'étais rien de plus qu'une gamine. Une gamine subissant l'influence d'un brave combattant, le chef de son clan, son père. Lui, il pouvait tout ; elle, elle ne pouvait que l'espérer. Il lui racontait souvent qu'ils feraient de grandes choses ensemble, qu'une harmonie était possible entre les clans, une entraide, mais qu'elle ne s'effectuerait que sous la menace d'un plus grand danger. Une inquiètude persistait toujours... Pour faire face ou pour être du moins en mesure de changer les choses, il me faudrait l'influence, le pouvoir, la force. Et l'influence s'obtient par le pouvoir qui s'obtient par la force ; je savais désormais par où commencer. Je ne me reposerais plus sur mes laurriers et reprenais l'entraînement sans tarder. J'avais l'espoir de surprendre mon père en rentrant, d'être à la hauteur de son rêve, et d'y contribuer. Des pensées plein la tête, je m'amusais à faire grimper des vagues de chaleur dans ma trachée et c'est là que me vient l'idée d'une technique. Un souffle chaud. Tellement chaud qu'il créerait un malaise chez l'adversaire et notamment des difficultés respiratoires. A différents degrés, il se pourrait même que j'arrive à brûler la chair. Enfin, les conséquences ne seraient que des détails, le but d'une attaque restait de détruire. Je me hâtais à la tâche sans arriver réelement à estimer la température et l'ampleur de ce brouillard. Mon corps s'accoutumait à la chaleur et je ne ressentais plus la douleur sur mes lèvres, ni dans mes voies respiratoires ; mon corps devenait comme imperméable, à la fois souple et résistant. Je pensais parvenir à mes objectifs, il ne me manquait qu'un cobaye pour découvrir l'ampleur des dégâts.

...............Le soir venu, je montais le camp dans ce milieu hostile. La nuit, le désert était glacial. Ce n'était plus le sable fin des plages tropicales, je m'étendais au sol comme à même la roche… Sensation que n'attendrissait pas même un peu, le duvet qui me confinait. A présent, j'ignorais depuis combien de jours j'étais parti, tout mon passé me semblait si loin ; devais-je songer à rentrée? Je jettais un coup d'oeil à la boussole et la gardais contre moi pour dormir, l'aiguille tournait sans fin à ne plus pouvoir s'y trouver ni s'y perdre. Je ne craignais pas un instant de mourir, ce n'était qu'une question de temps avant de quitter ces lieux, je m'en persuadais tant bien que mal. Un dernier soupir et je me consacrais à mes songes, l'histoire d'une nuit... Le lendemain matin, réveillée par les durs rayons du soleil, j'engloutissais le morceau de pain que je m'étais gardé la veille avant de reprendre la route. Ma gourde à moitié vide, je marchais sans crainte, portée par l'aventure. J'avais déjà une nouvelle idée de technique, il était temps de la mettre en oeuvre. Je créais une flamme dans la paume de ma main droite, retournais ma main et observais la flamme contourner ma chair et se propager sur le dessus de ma main puis sur mon bras. J'allais recouvrir mon corps du feu, je serai pareille à la sorcière qu'on jette au bûchet ! Mais je n'aurais pas à hurler la douleur... A la fois l'expérience me semblait excitante et risquée, mais je la poursuivais sûre de moi, m'éloignant de toutes les inquiètudes, véritablement insouciante. J'étais comme hypnotisée par la lueur que dégageait mon corps, je laissais les flammes me dévorer, m'engloutir. Ma peau était devenue si insensible ! J'aurais dû hésiter à faufiler la danse endiablée des flammes sur mon visage et dans mes cheveux, mais ce ne fut même pas le cas. Sans réfléchir, je laissais le feu me recouvrir intégralement, me posséder s'imprégner de moi comme je m'imprégnais de lui. Nous ne constituions plus qu'un seul corps.

[ Encore non valide ]