La douleur des serres de l'aigle déchirant la peau de son bras l'apaisait. La missive de rencontre dans l'Ouest de la ville, dans un petit restaurant bien connu du coin, quelque chose de bien peu distrayant pour la chuunin. Boro-Boro n'aimait pas répondre à ses obligations. Question pratique, si elle ne le faisait pas, la confiance lui manquerait et elle perdrait son grade, seule chose qu'elle affectionnait dans ce monde merdique. Un grade qui bientôt, elle l'espérait, augmenterait pour lui octroyer toujours plus de pouvoir. Pouvoir qui lui donnerait plus de chance de se venger de son isolement et de sa solitude ! Enfin, ce serait pour une autre fois, aujourd'hui, elle se taperait la traque de renégats kiri-jins.

Le restaurant n'était pas très occupé, à peine deux clients, dont un réglait l'addition. Boro-Boro se posta à une table, sortant rapidement un traité sur l'évolution des cellules sanguines en milieu hostile. Depuis quelques jours, elle travaillait sur l'élaboration d'un soluté permettant de se remettre parfaitement d'une perte importante de sang. Or, ses conditions de travail encore trop moches, Boro-Boro se limitait au niveau théorique, couchant sur papier ses thèses. Bientôt, lorsqu'elle aurait l'influence nécessaire, elle pourrait élaborer ses théories dans un laboratoire sur de vrais patients humains. Ah ! peut-être que cette mission le lui permettrait ? Elle discuterait de sa récompense avec le Kage une fois la mission accomplie.

La chuunin ne patienta pas bien longtemps que déjà on se présentait à elle. Relevant la tête, elle toisa longuement avant de replonger dans son papier, le rouler et la ranger. Puis, froide, elle se leva. Boro-Boro était muette, l'avait-elle spécifiée ? Souvent, ses partenaires de mission s'en étonnaient, malheureusement trop tard, pensant qu'ils pourraient charmer cette gamine. Or, le regard de la petite, ses mouvements et ses cris — elle ne savait pas parler, traumatisme crânien qu'elle tentait encore d'élucider — parlaient d'eux-même. Et là, clairement, Boro-Boro soulignait qu'elle ne voulait pas patienter, vite prise d'un élan d'héroïsme — ou de laxisme, c'était tout comme. Bien sûr, cette frénésie ne dura guère et l'adolescente revint à la table, lorgna encore un peu, puis posa les mains sur la table. Elle en retourna une, haussant les épaules et fronçant les sourcils. C'était clair : quel était le plan ?

Sur son avant bras, les marques des griffes de l'aigle qu'elle n'avait pas encore cicatrisé restaient visibles. Boro-Boro ne tenta pas les masquer. Que tous ses compagnons sachent qu'elle était folle ! C'était sa marque de commerce...