Atshushi était à Suna depuis longtemps déjà, mais il n’avait toujours pas eu l’occasion de quitter l’académie ; si il faisait mine de vouloir sortir, on le rappelait gentiment mais fermement à l’ordre afin qu’il reste cloitré dans les locaux.

Aujourd’hui pourtant, l’occasion se présentait : il n’y avait pas cours, et aucun surveillant n’était en vue ! Le petit garçon modula son expression du visage n°10 : "Air sur de lui" : l’important était de faire croire qu’il savait ou aller et qu’il n'avait rien à se reprocher. Imparable en théorie, mais les précédents essais s’étaient tous terminés par:

- Atsushii, mon petiit ! Que faiis-tu de beau ?

Encore une fois il n’y avait pas coupé ! A peine avait il fait quelques pas dans la rue que la voix suraiguë de l’assistante scolaire avait retenti derrière lui. L’enfant n’eut d’autre choix de se retourner et de marmonner une excuse inventée à la va-vite, comme « je cherchais les toilettes », « je me suis perdu », ou encore « ah, je suis sorti la ? » avec une fausse bonne foi presque criante de vérité. Comme la femme cherchait à faire paraitre qu'elle était la par hasard, elle resta un moment à parler au petit garçon qui avait juste à répondre aux questions qu'elle posait à propos de ses études même si il voyait bien qu’elle n’écoutait pas les réponses et se contentait de dire tout haut des phrases que l’on répète habituellement dans ce genre de circonstances (c'est-à-dire « c’est bieeen ! » et « houlalaa ! »). Après un bref dialogue de sourds, elle l’invita avec insistance à retourner dans sa chambre pour faire une sieste.
Encore un point négatif : Atsushi était surement le seul étudiant de Suna que l’on obligeait à faire une sieste en début d’après midi lorsqu’il n’y avait pas cours ! Habituellement il ne se sentait pas concerné par ce genre de chose, mais la ça faisait quand même bébé, et c’était un peu vexant ! Après lui avoir fait un petit coup de n°3 "visage mignon pour attendrir les adultes" pour lui laisser le plaisir de le traiter de petit garçon adorable, Atsushi prît congé de la dame et se dirigea vers sa chambre. Allongé sur son lit pour faire bonne mesure, il mît au point un plan d’évasion.

Une vingtaine de minutes plus tard, il était prêt. L’enfant avait échangé son habituel manteau contre une tenue sobre de couleur blanche. Il avait attaché ses cheveux et recouvert son crâne d’un voile blanc à la mode du village qui le protègerait du soleil et des regards indiscrets. Étant logé au deuxième étage, Atsushi ne pouvait pas songer à passer par la fenêtre ; en revanche...

- Permutation !

La ou se trouvait un instant plus tôt le gamin apparut un morceau de cheminée appartenant au bâtiment d’en face. En se dépêchant d’aller regarder à la fenêtre, on aurait pu apercevoir une petite silhouette descendant en vitesse de la maison voisine pour aller se mêler aux passants dans la rue.
Atsushi savait qu’il avait une bonne heure devant lui avant que l’on ne s’aperçoive de sa fugue : en effet, quelqu’un passait régulièrement jeter un coup d'oeil sa chambre, prétendument pour voir si tout allait bien mais en réalité l’enfant était suffisamment intelligent pour se rendre compte qu’il était surveillé. En une heure, il avait le temps de faire un tour à la sortie du village pour voir un elle était ; ensuite, il y avait plein d’autres endroits à visiter !

La nuit commençait à tomber sur le village caché de Suna. L’après midi avait été animée, entre la marche dans les rues au milieu de la foule bruyante, la visite des différents (mais rares) lieux exceptionnels du village caché, et surtout la banque ! Ça, c’était un beau bâtiment, peut-être même le seul du village. L’enfant était resté un long moment à la contempler d’un air admiratif qui n’avait rien à voir avec ses habituelles expressions toutes prêtes. Celui qui l’avait construit était un artiste, un vrai !
C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans une ville aussi grande –son village d’origine pouvant au mieux être qualifié de petite ville – et il éprouvait l’habituelle sensation dans ce genre de cas, celle de ne pas être grand-chose et d’avoir pénétré dans un labyrinthe.
C’était peut être dû au climat ou à l’apparence des bâtiments, mais le village faisait plutôt morne. Les habitants restaient le plus possible à l’ombre, les rues secondaires étaient recouvertes d’une pellicule de sable, et les maisons semblaient peu à peu se dégrader. De plus, le pays du vent portait bien son nom puisque régulièrement un vent chaud venait apporter une nuée de grains de sable qui rentrait dans les yeux et recouvrait peu à peu Suna.

Ce n’est que vers minuit, après avoir visité la quasi-totalité de la ville, que l’enfant revînt à l’académie ou il logeait. Faisant l’inverse de son évasion, il monta sur le toit de la maison d’en face ; le morceau de cheminée avait été retiré de sa chambre, ce qui prouvait qu’une sévère correction l’attendait le lendemain mais ça en avait valu la peine ! Faute de mieux, Atsushi se permuta avec une de ses statues d’argile qu’il stockait chez lui ; il la ferait exploser demain pour ne pas laisser de preuves compromettantes quant à sa maîtrise de l’argile qu’il avait jusqu'à maintenant gardée secrète.