Kaokane Boro-Boro
Nombre de messages : 21 Date d'inscription : 08/06/2012
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| Sujet: La dépouille d'un chien Dim 10 Juin - 2:46 | |
| Le sang coagulé sur les mains sous ce regard froid et sans état d'âme de la jeune fille. Boro-Boro regardait le cadavre de l'animal qu'elle avait assassiné de sang froid, par pure folie, sa main lui démangeant, prête à faire gicler l'émeraude. C'était tout juste si la pauvre bête n'avait éveillé qu'une drôle de palpitation cardiaque, un soubresaut de ce coeur immonde. Du bout des orteils, la jeune fille tâtait le corps encore chaud, soulevant son ventre ouvert, déplaçant les viscères du talon et s'éclaboussant les chevilles de la bile du canidé. Le clapotement des gouttelettes d'acide sous sa semelle de sandale ninja réveillait un goût prononcé pour la morbidité de ses meurtres. Bientôt, la folie de Boro-Boro la ferait succomber à cette petite voix qui la dirigerait droit vers la gorge d'un congénère. Cependant, la rejetée des Kaokane, oubliée, amnésique de sa vie dans ce clan prétentieux, pouvait encore se contrôler, maintenir cette rage sourde qui lui rongeait le bas-ventre, paralysant souvent ses membres de son bon sens, nonobstant les boucheries sur les rats qu'elle trouvait à patrouiller dans son refuge de fortune, cette maison de cartons qu'elle s'était fabriquée. Quatorze ans et accroc à la violence ; son avenir, pour ce qu'elle pouvait en comprendre, ne présageait rien de bon.
Une ombre se déplaça dans son dos, lente, qui s'approchait nerveusement. La konoha-jin se retourna doucement, son arme à son poing, le regard calme et la respiration contrôlée. Posée, Boro-Boro analysa cette petite chose qui traînait de la patte, voulant lécher le museau de sa mère trépassé. Le chiot pleurnichait, sans vraiment comprendre, et la queue basse, se trémoussait difficilement vers le cadavre de la chienne. Boro-Boro donna d'abord un premier coup de pied, qui souleva l'animal et le projeta contre le mur. Il aboya, petit son plaintif et larmoyant. Il retomba sur ses pattes cependant, combattant coûte que coûte cette douleur qui devait lui avoir cassée les côtes. La jeune fille s'approcha, à son index, son kunai déjà maculé d'hémoglobine tournoyant. De sa main libre, elle agrippa le col de la bête, la soulevant à son nez. Lentement, elle posa sa lame au cou du chiot. Son petit corps tremblait, ses pattes s'agitaient inconsciemment. Or, la bête bravait fièrement la konoha-jin de son regard sombre, ne montrant même pas les canines, ne faisant que démontrer qu'elle n'avait pas cette émotion ridicule que les hommes appelaient peur. Surprise, Boro-Boro déposa le chien, qui s'assit, commençant à nettoyer son flanc. La main de Boro-Boro tremblait et la jeune fille la regardait, la bouche en O, les yeux ronds.
Des larmes montèrent aux yeux de la kunoichi. Ce chiot était comme elle. Son pelage, dru et crasseux, d'une couleur différente à celle de sa chienne de mère, montrait qu'il était un bâtard, de ce que savait Boro-Boro de ces animaux. Abandonné, il pouvait soit lutter, soit mourir. Il accepterait son sort, peu importe ce qu'il adviendrait. Ce chiot était comme Boro-Boro. Maintenant à genoux, la jeune fille regarda le ciel, en pleur. Elle lâcha son kunai qui s'effondra au sol, et prit un temps avant de renifler. Seule. Foutrement seule. Elle en voulait au monde entier. Puis elle baissa la tête vers le petit chiot et tendit une main. L'animal redressa son museau pour le lover dans la paume tiède de la jeune fille. Aussitôt, un poing s'abattit sur le clébard qui cracha un sang noir. Le martèlement fut rapide et intense, ne laissant bientôt qu'un amoncellement de chair et de poils. Sans pitié, Boro-Boro se releva et quitta cette ruelle. Les chiens étaient des bêtes immondes, qu'elle détestait. Encore aujourd'hui, elle laissait derrière elle des cadavres.
Les dépouilles de chiens.
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