Cela faisait une semaine que j'avais fêté mon huitième anniversaire. J'étais vraiment impatiente de découvrir le 'nouvel entrainement' de mon vieux maître Ichiro. Lors de la fête, il m'avait pris à part pour me dire que j'aurais son cadeau la semaine d'après, au prochain entrainement, que ce ne serait pas un entrainement comme les autres. Nous avions rendez-vous sur l'un des nombreux terrains vagues sablonnés du village et je m'étais levée de bonne heure pour ne pas être en retard pour ce tout nouvel entrainement qui s’avérait fort prometteur. Ichiro-sensei m'avait juré qu'après mes huit ans commencerait une vie nouvelle pour moi. J'avais vraiment hâte d'y être. Trop hâte sans doute puisque j'étais trois heures à l'avance sur le rendez-vous convenu. Pour patienter, je m'étais confortablement assise sur une bute de sable fin et chaud et sirotais ma gourde d'eau fraiche que j'emportais pour chaque entrainement.

J'avais une fois eu le malheur de l'oublier. C'était le jour où Ichiro avait décidé de tester mes capacités physiques. Autant dire que j'étais sortie de cet entrainement assoiffée et assommée d'une belle migraine due sans doute à une déshydratation. Depuis ce jour-là, j'emportais systématiquement avec moi de quoi boire plus que de raison et quelque chose à grignoter, juste au cas où...

Je me rappelais ces entrainements passés à en baver sous le soleil de plomb du désert, à apprendre les bases du maniement des armes et les bases du taijutsu, mes premières techniques, celle dite 'de base' pour tout apprenti shinobi. Le temps s'écoula à une vitesse folle et je ne remarquais pas combien de temps j'étais restée assise à ne rien faire.

Assez rapidement donc, je vis apparaitre dans un nuage de sable mon vieux sensei. Je souris. Voir sa tête ridée, chauve et sa longue et grosse moustache grise lui donnait l'air d'un vieux grincheux qui lui allait à merveille. J'aimais beaucoup mon maitre, bien que parfois, il était sévère et me grondait plus que mes propres parents à la maison. Il avait l'art de me réprimander très durement mais il avait dans sa voix et dans son attitude quelque chose qui me laissait penser que ses paroles n'étaient que sagesse, raison et compassion. Du coups, ses réprimandes et punitions passaient à merveille.

-Bonyour maitr' ! (oui j'avais encore du mal à parler alors que je pouvais vous lancer des shurikens dans le mille sur une cible à une quinzaine de mètres...)

Il me salua et m'invita à le rejoindre à ses cotés. J'étais restée assise un peu trop longtemps et je fis la grimace en décroisant les jambes et en me levant. Je n'avais pas remarqué que ma jambe gauche s'était endormie et son réveil picotant fut très désagréable. Il m'expliqua quelques histoires sur moi, mes capacités intellectuelles et d'analyse, me faisait plein d'éloges. C'était rare de l'entendre parler de moi ainsi et je me demandais d'ailleurs si ce n'était pas la première fois qu'il me complimentait pour mon travail acharné. Il poursuivit ses compliments qui au final me dérangeaient et termina par me dire qu'il avait pris la décision de m'apprendre l'art de l'irou-jutsu, des techniques ninjutsu pour les ninja médecin.

Au début, j'avais été réticente à cette idée. Depuis toute petite, je m'étais imaginée maitriser des torrents de flammes ou des lances de foudre mais jamais je ne m'étais imaginée soignante. C'était donc distraite que je l'écoutais me donner les bases de cet art ninja. Sauf, qu'à force de l'écouter m'en parler, j'étais de moins en moins distraite et de plus en plus captivée pour ne pas dire passionnée. Il me décrivait les maitres ninja médicaux comme étant les perles rares de chaque village, qu'ils détenaient dans leur main la vie, mais pouvaient tout aussi bien donner froidement la mort comme n'importe quel autre shinobi. Ces ninjas avaient le destin des autres en main et c'était cela qui me fascinait.

Il me tendit un à un plusieurs bouquins emballés dans du papier cadeau, certains scientifiques concernant le corps humain, les organes,.. d'autres plus basés sur le chakra, les points vitaux, la circulation d’énergie vitale,... d'autres qui étaient de véritables chroniques de shinobis chercheurs en médecine, et enfin un dernier parchemin contenant tout ce qu'il fallait savoir pour maitriser la première technique médicale de base appelée 'Shousen Jutsu'. Une carte était écrite à la main et représentait un petit singe souriant disant 'Joyeux Anniversaire' au lecteur de la carte. Je ris en la voyant mais ce qui m’intéressait le plus à ce moment là était le parchemin qui contenait une technique. Je parcourus ce parchemin des yeux et en étudia le contenu, Ichiro m'éclairant sur les aspects difficiles de la technique que je ne comprenais pas tout à fait...

Chaque jour je revenais en ce lieu rencontrer mon maitre pour lui faire part de tout ce que j'avais appris en lisant ses bouquins. Je discutais énormément. Les différents sujets que nous traitions étaient formidables. J'avais sans aucun doute trouvé ma voix, à la grande satisfaction de mon sensei. Lui aussi était content de m'avoir aiguillée dans quelque chose qui me plaisait. D'ailleurs, après chacune de ses discussions, il m’emmenait dans une animalerie pour que je puisse y apprendre à soigner des animaux blessés. Ce n'était pas des êtres humains mais ça faisait largement l'affaire pour apprendre les bases et découvrir la science de base.

Ce fut plutôt délicat à mes débuts. Les premières bêtes ne survivaient pas à mes soins alors même que parfois les blessures étaient bénignes à la base. Je les blessai plus que ne les soignai, au grand damne du vieux Ichiro. Mais petit à petit, j'en connaissais assez théoriquement et avais assez de maitrise de mon chakra pour soigner les plus petites plaies. Bien vite, mon savoir évolua et je fus capable de bien d'autres choses grâce à ce simple jutsu. Le chakra pouvait faire des miracles quand on le manipulait avec soin, intelligence et délicatesse. J'adorais vraiment ce que j'apprenais. J'en arrivais parfois à me couper volontairement moi-même pour après pouvoir me soigner. Le pire, c'est que j'adorais ça. Je dus une fois prise sur le fait par mon père qui ne put s’empêcher d'en parler à mon maitre malgré mes supplications. Je fus plus que jamais réprimandée par le vieux sensei et je ne refis plus la bêtise avant longtemps.

Il me fallut quelques semaines de pratique intense pour dire de pouvoir maitriser le jutsu en toute situation. Le maitre m'avait par exemple mise à l'épreuve en me demandant simplement de rester en vie lors d'un entrainement dans lequel il m'envoyait des shurikens pendant que je devais soigner un phacochères des sables féroce. Bref, le début de ma vie de kunoichi soigneuse fut un véritable plaisir absolument dingue et en même temps très très plaisant...

Pourtant, au bout d'un moment, je fus bien obligée d'admettre que cette vie était loin d'être toujours rose. Je commençais à me débrouiller sérieusement bien et les habitants du village, ayant entendu parlé de moi, me demandaient parfois de faire l'impossible pour sauver des vies. J'avais eu droit à des personnes gravement blessés ou des graves brulés pour qui je n'avais rien pu faire et qui étaient morts sous mes yeux. Le 'Shousen Jutsu' était une technique très utile mais pas miraculeuse. Elle avait ses failles et je m'en rendis très vite compte. Je vis mourir des hommes, des femmes et même des enfants sans rien pouvoir faire. Cela me rendait vraiment malade...

Tu es loin de 60 lignes nécessaires pour l'appréhension de 3 jutsu... Tu es à 40 lignes et quelques ...

Après avoir essuyé plusieurs échecs et voir trop de gens mourir ou, pire encore, rester infirme à cause de mon incompétence, je me sentais de plus en plus mal et je traversais une période malsaine pendant laquelle je voyais la vie très noire. Durant cette période de troubles personnels, je ne souhaitais même plus ce pourquoi maitre Ichiro m'avait former, soit soigner les blesser. J'avais trop peur de l'échec, trop peur de ne pas pouvoir aider les gens. J'étais jeune mais ce ne devait pas être une excuse... J'eus la visite de mon vieux maitre un soir après mes onze ans. Il avait l'air fatigué, l'âge agissant sans aucun doute comme il le faisait sur la majorité des vieille personne. Mais la fatigue n'était pas la seule chose qui avait changé chez lui, je ressentis dès l'avoir vu, de la colère dans son regard ainsi qu’énormément de tristesse. Je l'avais emmené dans ma chambre pour être à l'abri des oreilles indiscrètes que pouvaient avoir mes parents. J'estimais qu'ils ne pouvaient m'aider dans mon accomplissement de ma voie de kunoichi et de toute façon, ils n'y comprendraient rien. Je préférais ne pas les mêler à tout cela.

Une fois que mon invité fut dans ma chambre, je tendis une chaise au vieil homme et m'assis sur mon lit le regard l'interrogeant sur le pourquoi de sa visite. Il ne prit pas la peine de s'asseoir, il s'était approché lentement de moi et me demandait de tendre le bras, ce que je fis sans poser de question. J'eus alors un haut le cœur et une grande nausée accompagnée d'une douleur horrible. Je retirais mon bras et posai mon regard dessus. J'étais plein de sang. Mon bras venait d'être écorché à vif. Je regardais mon maitre qui tenait un kunai ensanglanté dans la main gauche.

- Soigne toi ! m'ordonna t-il.

J'avais mal mais je refusais de me soigner. J'avais renoncé de soigner quiconque depuis quelques mois, depuis que je n'avais pas su aidé cet enfant avec qui je jouais et qui était tombé d'une balancelle et mort sans que je ne puisse rien faire. Mon sang se vidait sur mon lit et les draps commençaient déjà à saturer en sang.

- SOIGNE TOI IDIOTE !!
- Je ... ne ... peux ...
- Hmmm ... Si tu le prends ainsi, je n'ai pas d'autre choix que de faire ce que je m’apprête à faire.

Il m'avait dit ces paroles sur un ton glacial et il pointait le kunai vers moi. Je pensais qu'il allait me saigner à nouveau mais ce ne fut pas mon corps que le kunai planta. J'étais horrifiée. Irochi-sensei tomba à genoux, tremblant, le kunai planté dans son abdomen. * Non ! Pourquoi !? * Je ne comprenais pas pourquoi le vieux venait de se planter l'arme dans le bide.

- Tu dois m'aider Mieko ... Toi ... Seule ... Peut me sauv...

Je le vis alors tomber lourdement sur le sol. Je tremblais de tout ma surface, de tout mes membres, de tout mon épiderme. J'étais effrayée. Pourtant, je devais faire quelque. Le vieux maitre était comme un grand-père pour moi. Je l'aimais. Et, j'étais la seule à pouvoir l'aider. C'était vrai. Je sautais de mon lit mais je recus comme une grosse claque sur le crâne et tombais moi aussi à genoux. Je m’aperçus que les tremblements n'étaient pas seulement dus à ma peur. J'avais perdu trop de sang, bien trop de sang. Pour pouvoir sauver mon maitre, je devais d'abord me sauver moi ! Je pris soudain mon courage à deux mains et entreprit de me soigner le bras.

- Shousen Jutsu !

Je sentis mon chakra parcourir mon corps alors que je guérissais mon bras. Cela faisait un bien fou de guérir cette ignoble coupure mais je n'allais pas mieux pour autant. Je devais me dépêcher coûte que coûte. Je ne voulais pas voir cet homme là mourir. Non ! Pas lui ! Moi j'étais guérie. Mais mon chakra lui, commençait à me manquer. C'était risqué que d'en dépenser de trop, je le savais. Pourtant je poursuivis ma technique et posai ma paume réparatrice sur l'abdomen de mon vieil ami après avoir retiré le kunai. Je restais ainsi longuement. Mon chakra ne semblait pas avoir d'effet. Peu à peu je m'épuisais et je commençais à divaguer. Ma tête me tournais. J'y voyais trouble. Des gouttes tombaient sur le corps que je tentais désespérément de sauver et je ne savais si elles étaient de la sueur coulant de mon front ou des larmes de mes yeux. Dans un dernier espoir, je poussais mon chakra à ses dernières limites, plus fort, plus loin... J’atteignis mes derniers retranchements et m'évanouis ...

* * * * * * * * *

Je repris conscience couchée dans mon lit bien au chaud. Les couettes étaient très douce. J'avais la sensation d'être comme un oiseau fragile dans un nid douillé. J'avais une boule dans la gorge. Que faisais-je couchée dans mon lit ? J'avais un trou noir. Je sentis des mains tenir les miennes. Les unes étaient douces et fluettes. Maman. Les autres étaient plus sèches. Ne n'étaient pas celles de mon père. Elles étaient trop maigrichonnes. Irochi-sensei !! Les événements revinrent vitesse lumière dans ma tête comme des flashs d'images projetées dans mon esprit. Sensei couchée sur le sol et moi essayant de le sauver au péril de ma vie. Mais qu... Je me levais en sursaut et regardait le vieux maitre. Il me souriait. Je regardais maman qui elle pleurait.

- Tu m'as sauvée Mieko ! Non ... Chut ! Écoute et repose toi ! Tu m'as sauvée et tu t'es sauvée ! J'ai pris un risque énorme l'autre soir. La situation ne devait pas être aussi critique. Ce que je t'ai fait subir est impardonnable. Je penses que nous ferions mieux de tout arrêter ... Ta mère est d'accord ! Et ton père ... il l'est encore plus. Il refuse de me revoir.

- N'y pensez même pas vieil homme ! Je suis heureuse de vous avoir sauvé ! Si nous continuons notre entrainement, je pourrais sauver d'autres personnes ! Je suis sur que je peux aller plus loin !! Ne m'abandonnez pas maintenant ! Pas si tôt ! Je ... vous aime bien moi ! Et ce que vous avez fait m'a permis de me reprendre ! Si vous n'aviez pas été là, je serais devenue ... je sais pas mais quelque chose de très moche !

- Hmmm ... Il est vrai que tu as le potentiel pour devenir une puissante soigneuse. Le Shousen que tu as utilisé pour me sauver était bien au-delà de tout autre shosen jutsu vu jusqu'à aujourd'hui. Mais ton père ...

- Je m'en fiche ! Maman, je veux continuer ! Je veux continuer !

- Bien, j'ai passé un accord avec tes parents. Je te lègue ce parchemin. Il contient tout ce qu'il y a à savoir pour apprendre le Irou Chiyute no Jutsu. Tu es jeune et la technique est très difficile à maitriser. Quand tu prouveras au village que tu auras appris la technique, et ce sera très difficile je te l'assure, je reviendrais pour poursuivre ton entrainement. Avant cela, tu ne me verras plus ...

Il m'avait fallu plus d'un an pour maitriser le jutsu de l'irou chiyute à la perfection. J'avais maintes et maintes fois prouver au village que la technique n'avait plus de secret pour moi. J'avais sauvé de nombreuses personnes, le village m'était reconnaissant et pourtant, personne n'avait semblé vouloir prévenir mon vieux maitre de la chose. Hors, si j'étais devenue aussi aguerrie, ce n'était que pour pouvoir revoir ce vieil ami qui m'avait tout appris et qui me manquait beaucoup. Chaque fois que j'essayais d'en parler aux habitants, ils détournaient les yeux et faisaient de leur mieux pour changer de conversation. Je savais quelque part au fond de moi qu'il y avait peu de chance que je le revisse un jour.

Mes soupçons furent fondés le jour ou je fis la connaissance d'une jeune fille prénommée Shina. Elle avait à peu près mon age et avait elle aussi été une disciple d'Ichiro. Elle venait d'un village proche du mien, celui où le maitre avait vécu toute sa vie. Ma rencontre avec Shina n'était donc pas due au hasard. Elle était venue pour m'annoncer la mort du vieil homme et elle le fit avec tellement de subtilité et de tact que le coup ne fut pas si dur que cela à encaisser. La petite (elle mesurait une dizaine de centimètre de moins que moi) m'avait laissée pleurer sur son épaule le temps de m'en remettre en me parlant d'une voix douce remplie de beaucoup de candeur.

Son attitude était à l'opposé de son image. Elle avait les yeux aussi noirs que ses cheveux. Ses vêtements, eux aussi, étaient fort sombres. Son visage sans expression et sa boucle d'oreille en forme de crucifix sur son oreille gauche ajoutaient au tout une touche encore plus glauque. Nous parlèrent beaucoup pendant quelque jour. Je lui parlais du temps passé, de mes entrainements et de mes inquiétudes, de l'épisode où je me sauvais moi et lui dans ma chambre et de son départ inopportun. Elle fit de même et me raconta les quelques années de sa vie passée avec lui. Je compris qu'ils avaient été eux aussi très très proches, peut-être même plus qu'avec moi. C'était difficile à entendre mais rien de comparable à la détresse qui m'envahit quand elle m'expliqua ceux à quoi elle avait été formée et comment le sensei était mort :

- Vois-tu, expliquait-elle Ichiro m'enseignait l'art difficile de l'alchimie et plus particulièrement les milles et unes façon de créer des potions et des poisons. Il connaissait énormément de choses tu sais !? Il m'a appris à connaitre la nature, les éléments, le cycle des saisons, des reproductions animales, la vie en désert, la recherche de composants, à reconnaitre certaines substances dangereuses et multiples choses encore. Malgré tout, c'est en essayant un poison dont il devait me dévoiler la conception, et en en faisait une mauvaise manipulation qu'il est décédé. Son corps s'est littéralement décomposé les dernières semaines. Il est mort dans d'atroces souffrances. Elle fit une pause. Après un long soupir, elle poursuivit :Il m'a cependant parlé d'une certaine personne avant de mourir. Une fille prodige de mon âge qui vit ici. Cette fille c'est toi, Mieko ! Et ... Je suis sensée t'enseigner tout ce que j'ai pu apprendre. Je n'en suis pas très réjouie de former une autre tueuse qui pourrait devenir meilleure que moi mais ... c'est le dernier souhait du vieux maître alors , .... va préparer tes affaires, nous partons pour longtemps... dans le désert !

Je revenais aux portes de mon village chargée d'un grand sac en toile bien lourd. Shina m'attendait assise sur un petit monticule de sable. Elle s'était relevée en me voyant arriver. Elle me dévisagea en regardant l'allure de mon gros sac mais ne dit rien. Elle me fit un signe de la main pour que je l'invite à la suivre. Nous partîmes du village sans même que je n'eusse le temps d'avoir fait mes adieux à tout le monde. Nous marchâmes pendant un long moment sous le soleil couchant sans que l'une de nous deux n'adresse la parole à l'autre. Shina semblait plongée dans ses pensées. Elle se retournait souvent sur moi pour me jeter des regards intrigants. J'avais l'impression qu'elle voulait m'estimer. Plus on avançait plus elle accélérait l'allure. Heureusement pour moi, il ne faisait pas trop chaud à cette heure de la soirée et je suivais le rythme soutenu qu'elle m'imposait.

Après avoir estimer mon endurance une nouvelle fois, Shina se mit à trottiner. Je pris le wagon en route et essayai de la suivre. Mon sac, super lourd me ralentissait et je m'épuisais énormément. Je commençais à me faire distancer. Je savais que Shina voulait me tester et je donnais tout ce que j'avais pour résister et suivre le rythme mais c'était impossible. J’arrêtais la course et perdis de vue ma jeune maître. Je me couchais dans le sable tiède à bout de souffle. J'étais restée ainsi ainsi quelques minutes. Je sursautais en voyant le visage d'ange de Shina se pencher sur moi. Je ne l'avais pas entendue revenir.

- Hihi ! Et c'est toi la prodige du maître ? C'est une blague ?

Je ne répondis pas. Ses sarcasmes n'étaient pas les bienvenus. Je me relevais et la regardais dans les yeux. mon regard lui disait "Ferme là ! Tu n'as rien à me dire !". Elle se détourna et allais reprendre la route. J'allais la suivre quand elle se retourna à nouveau vers moi.

- Qu'as-tu dans ton sac ?
- Tu m'as demandé de me préparer pour un voyage dans le désert non ? J'ai pris de quoi boire et manger pour une semaine, des vêtements de rechange, un livre et une plume pour noter ce que tu auras à m'apprendre et ... des médicaments, au cas où...
- Ok. Passe moi ce sac ! Voyons voir ... Cette jupette est inutile, tu crois qu'on va à la plage ? Ce livre et cette plume également. Tu devras tout retenir ! Je t'apprendrais des choses qu'il n'ait pas bon de mettre entre les mains de tout le monde. Si une personne de mauvaise intention tombaient sur tes notes, ca serait super dangereux. Je te rappelle que je te formerait à devenir une véritable assassin ! Ne va pas tout gâcher ...

Je la regardais parler et jeter mes affaires une par une. Elle me rendit mon sac beaucoup plus léger et nous reprîmes notre route. Nous avancions vite et bien. Je me demandai où nous pouvions bien aller mais quelque chose me disait que l'on était pas prêts d'arriver...

Je savais que nous allions gambader dans le désert pendant des heures mais je commençais à croire que nous n'atteindrions jamais notre but. La nuit était tombée, glaciale et le soleil avait ensuite prit la relève, suffocant. la chaleur se faisait insoutenable, nous avions ralenti l'allure fortement. Heureusement que Shina m'assurait que nous serions bientôt arrivés ou je pense que j'aurais abandonné. Quelques heures de marches après, nous arrivions devant une énorme crevasse creusée dans le sable. Je regardais le trou énorme, très surprise. Je n'avais jamais vu une telle chose dans le désert ou nulle part ailleurs.

- C'est quoi ça !?
- "Ca", comme tu dis, c'est l'entrée d'un nid. Je pensais que je n'allais jamais en retrouver un. Celui-ci est un grand nid. Il abrite quelques milliers de fourmis de sable géantes.
- Des fourmis géantes ? Mais ... Les nids des fourmis sont en surface non ? Je n'ai jamais entendu parler d'une chose pareille !
- Tu connais peu de choses du monde ... Je tenais à te faire découvrir ceci avant tout, car, elles sont la cause de la mort de maître Ichiro. Il travaillait sur leur venin avant de mourir. Ce que je te propose de faire, c'est de descendre la dedans, de chopper une fourmi, de la tuer, d'en extraire le venin et de remonter et de détaler avec que tout l'essaim de se mette à nous chasser...

Cette fille était folle. Descendre dans ce trou où grouillaient des insectes géants ? J'hésitai. Mais plus je regardai ce puits noir, plus j'étais fascinée et avais l'envie d'y descendre. Je voulais voir les fourmis du sable. Je me demandai quelle taille elles avaient, quelle couleur, quelle vivacité. Cependant, comment en tuer une ? Je n'étais pas habile à tuer ni même à me défendre moi ! J'avais même pas douze ans ! Comment Shina voulait-elle faire pour affronter un de ses insectes !? C'était flippant mais Shina semblait sure d'elle. Et elle semblait savoir ce qu'elle faisait. C'est donc mi-chaude mi-froide que je sautais dans ce puit sans fond, Shina sur mes arrières. Je tombai sur une plateforme glissante et instable de sable pour rebondir sur une autre plus solide un peu plus en contrebas. Ainsi se poursuivit la descente, plutôt facilement. Nous arrivâmes au fond. Le sol était humide voir légèrement boueux.

- Par là !

Shina me montrait une entrée creusée dans le sable, du genre entrée de grotte ou d'arche sablée. Elle s'approcha et entra dans la cavité. Elle disparut de ma vue avant que je n'eusse le temps de la rejoindre. J'entrais dans cette grotte de sable alors que Shina avait disparu. Je continuais d'avancer malgré tout, prudente. J'entendais des bruits bizarres, comme des mastications résonnantes, de bruits de sucions, des grognements aigus,... Plus j’avançais, plus j'avais peur. J'entendais des bruits de partout. Cette caverne grouillaient de fourmis et je ne les voyais pas. C'était étrange. Trop étrange. Peut-être était-ce une mauvaise idée de m'être avancée autant sans la présence de Shina à mes cotés. J'allais faire demi-tour quand je sentis le sol bouger sous mes pieds et que quelque chose d'énorme me souleva du sol...

Mes jambes tremblaient sur le dos d'une énorme fourmis de couleur jaune sable. Elle mesurait au moins deux mètre de long mais sa taille ne me faisait pas vraiment peur. J'étais bien trop horrifiée par les deux grosses mandibules dégoulinantes d'un liquide visqueux bleuâtre. La fourmis poussa un genre de cris et je sautais de son dos par peur. J'avais atterrie devant la bestiole qui me regardait avec de grands yeux noirs brillants. Il se passa quelque chose dès cet instant. Elle se rapprochait et je ne pouvais reculer. Elle était si belle et semblait morte de fin. Elle devait être malheureuse. Je voulais lui donner mon corps pour la rassasier. Je voulais me laisser faire. Elle arriva à deux mètres de moi et allait me bondir dessus.

- Fuuton , Gokuuho !

Quelques dizaines de bourrasques d'air vinrent véritablement trancher la fourmis en rondelle. J'étais estomaquée. Shina apparut derrière moi en souriant. Elle me tapa sur l'épaule et me tendit quelques fioles vides.

- Ne t'en veux pas, c'est normal que tu n'es rien pu faire. Tu as sans doute du regarder la bêbête dans les yeux et être prise dans son genjutsu... Bien ! Dépêchons nous de vider les glandes de ses mandibules ! Le poison bleuâtre qui en coule est le venin qui a tué notre sensei. Je voudrais pouvoir l'étudier. Vite ! Les autres arrivent !

Je me dépêchais de collecter la matière visqueuse en la mettant dans mes fioles. Je pris mille précautions et je perdis un peu de temps. Shina me pressa et nous partîmes à toute vitesse de ce gouffre puant la mort...

Les mois passèrent et les voyages dangereux à la recherche de composants étranges et mortels s'enchainèrent. Entre chaque voyage, nous faisions des analyses, des tests sur des animaux sauvages pour les produits que nous créions, des essais d'antidote,... Tout était difficile. Il arriva un moment ou nous manquâmes de vivres et il nous fallut chasser pour avoir de la viande et trouver de l'eau fut un vrai calvaire.

Mais ce fut une vraie expérience enrichissante de laquelle je sortis plus grande, plus forte, plus froide aussi... Créer et utiliser des poisons, cela pouvait parfois être glauque même gore. Mais la chose me plaisait de tenir la mort dans mes mains, j'y retrouvais le sentiment que j'avais en soignant les blessés. Là, c'était la vie des gens que j'avais entre mes mains mais c'étaient des choses très très proches l'une de l'autre.

Je revins dans mon village après avoir passé un an et demi dans le désert. J'avais changée. Je voyais la valeur de la vie et de la mort tout à fait différemment que je la voyais avant mon départ. Shina m'avait laissée. Je l'avais dépassée dans son domaine. J'en savais plus sur la nature qu'elle mais si c'était le cas, c'était grâce à elle. Après tout, elle fut une mentor généralissime que j'avais apprise à connaitre et à apprécier à sa juste valeur. C'était un nouveau départ, une nouvelle vie qui se traçait...

J'avais créé mon premier poison quelques mois seulement avant que Shina ne me laisse et reprenne sa propre route. En effet, notre chemin nous avait amené à découvrir un nid de tueuses des sables, de petites araignées au venin paralysant. A dose normale le venin ne pouvait pas paralyser un homme. Il en fallait des quantités astronomiques pour pouvoir paralyser un homme. Je pensais donc qu'il nous serait inutile. Si il fallait des litres de venin pour avoir un effet sur de potentiels adversaires, je n'en voyais pas vraiment l'utilité. Mais Shina avait insister pour que nous récoltions tout de même une fiole de ce venin, ce que nous fîmes.

Elle m'avait appris ce jour là que le moindre ingrédient, mélangé à un autre, pouvait avoir ses effets décuplés une fois traité et préparé. Elle pensait que nous pouvions tirer quelque chose du venin, en le mélangeant à une autre de ses trouvailles. Mais elle ne voulait pas faire le travail. Elle devait me laisser faire pour que j'apprenne par moi-même, malgré que c'était une chose délicate à faire. Un mauvais mélange pouvait avoir des réactions très dangereuses à manipuler.

Je regardais dans nos sacoches respectives tout nos ingrédients, fioles, produits, etc... et m’imaginais déjà les mélanges que je pouvais peut-être faire pour accentuer l'effet paralysant. J'analysais donc toute sorte de produits, de la banale feuille de menthe à la très rare tige d'Iokwa. Je réfléchissais aux propriétés de toutes ces choses mais aucune ne me paraissait compatible à du venin, du moins, pas pour lui apporter un effet 'boostant'. Je désespérais et fis passer un sachet de chaire d'escargot ventouse des rizières et m’arrêtais net dans mes mouvements.

* Et si ...*

La chaire d'escargot ventouse avait la propriété fascinante d'affaiblir le système immunitaire une fois ingéré. Quand il était en contact avec les voies sanguines, il était d'autant plus efficace. Je me demandais si, une fois mélangé au venin d’araignée, il ne l'aiderait pas à être plus efficace sur l'homme. Je voulais essayer mais il y avait un problème majeur : la chaire d'escargot ventouse avait également la propriété d'être très collante, comme de la glue, molle mais très compacte et visqueuse. La mélanger au venin pour en tirer un produit homogène n'allait pas être évident. Il fallait un troisième produit. Je pensais tout de suite à l'écorce de saule qui elle, une fois en poudre, pouvait aider à décoller pas mal de choses...

Je mélangeais le tout en essayant différent dosages. Je parvint à obtenir trois fioles de trois produits très différents. La première fiole avait une couleur verdâtre. C'était celle ou j'avais mis le plus de chaire d'escargot. La deuxième avait une couleur grisâtre et semblait continuellement contenir de grosse bulle. Elle était celle que j'avais mis le plus de temps à calibrer, pour avoir le mélange le plus homogène et liquide possible. La dernière avait une couleur brune et semblait terreuse. Trop d’écorce sans doute. J'essayais les trois fioles sur de petits animaux d'abord. La première semblait alors la plus efficace. Mais, plus la taille et la force des bêtes augmentaient moins cette potion était efficace et au plus, au contraire, la seconde paralysait bien et longtemps. Il fallait alors tester le poison sur un shinobi doté de chakra pour pouvoir en vérifier ses effets. C'était la raison pour laquelle j'étais devenue si froide. Je devais parfois tuer de sang froid des personnes. Heureusement, Shina avait une liste de criminels avec elle. Elle était payée par le seigneur du pays du vent chasser et tuer des assassins. C'était idéal pour pouvoir tester nos poisons.

Comme je le pensais, ce fut la seconde potion qui était la plus efficace. Ses effets dépassaient même toutes mes espérances. L'ennemi qui avait son sang infecté était dans la seconde incapable de faire le moindre mouvement ou presque. Je venais de créer mon premier poison. J'étais fier. Je devais lui trouver un nom comme Shina le faisait avec toutes ses propres trouvailles. Je l'appelais alors l'Araknarak !